Dans l’oeil du coach : pas facile …

Pas si facile d'être coach...

Par frédy Auberson :

J’écris en mon nom, et je ne connais pas le vécu des autres coachs du club. C’est donc mon expérience personnelle actuelle que je vis.

Entraîneur, coach, que signifient ces titres… ?

L’entraîneur est celui qui instruit, qui enseigne les gestes techniques. C’est avant tout un technicien qui maîtrise sa discipline parfaitement, et qui transmet son savoir faire. Il façonne l’athlète à la « gagne » C’est l’origine de ce titre jusqu’à  les années 1980. Dès les années 1980 la notion coach est née pour rendre compte d’une fonction plus complète, une dimension plus psychologique, c’est plus de la relation humaine. Un accompagnateur qui planifie le trajet qui permet d’accompagner l’athlète à la conquête du succès. Il doit tenir compte du mental qui devient prépondérant pour la réussite de l’athlète.

Moi, j’ai l’impression de passer de l’un à l’autre, je suis un entraîneur avec les débutants et un coach avec les confirmés. Mais je me considère plus comme un coach actuellement. Honnêtement c’est l’aspect le plus prenant dans tout ce qui englobe la fonctionnalité.J’ai appris que le contact qui doit exister avec l’athlète, « qu’il n’est pas un copain, ni un ami, ni mon amie, ni un pote », mais… ! un ATHLETE. C’est la ligne de conduite que je dois avoir en point de mire et ne pas en déroger. Je dois faire preuve de la même disponibilité avec des athlètes débutants que des confirmés. Ce qui n’est pas toujours facile à respecter, car un débutant demande plus de temps pour les explications.

Je ne dois pas perdre de vue que ma motivation est d’aider les athlètes à atteindre leurs objectifs, et il ne faut pas à mes yeux que mes objectifs deviennent les leurs et inversement. C’est ma notion plaisir que je dois avoir lors de chaque entraînement. Je dois tout donner pour les autres, et si je n’ai pas cette fibre je ne tiendrai pas, il est certain que j’arrêterai d’entraîner et je resterai chez moi. Je ne souhaite pas jouer dans la cour de la monotonie et du remplissage. Je ne suis vraiment pas à l’aise avec ceci.

Je dois apprendre à l’athlète à se confronter avec d’autres athlètes, à prendre du plaisir, à progresser, à accepter les succès et les échecs, de contribuer à l’harmonie du groupe, de payer le prix de la rigueur de l’abnégation, de l’informer qu’il est plus difficile de se maintenir au plus haut niveau que d’y accéder.

Ma solitude de coach

Mes doutes sont quotidiens en dépit de l’impression que je donne à l’extérieur, de sérénité, de maîtrise. Ce n’est pas facile d’être coach, je redoute autant les échecs que les athlètes. Je vis durement les échecs car parfois je pense que je n’ai pas effectué mon travail de manière plus exigeante. C’est un job d’équilibriste et il faut accepter qu’à un moment ou un autre, les choses se déroulent de manière imprévue. A partir du moment que je travaille seul, je risque de me planter. C’est dans les probabilités.

Comment avouer mes doutes parfois.. ? A qui me confier… ? Je suis livré à moi-même. Je me sens vraiment seul. J’ai été en échec et je dois repartir, trouver des solutions. Je dois accepter cette situation.

 C’est ce que j’appelle « LA SOLITUDE DU COACH »

Quand la passion et les sentiments m’habitent, à partir du moment où quelque chose me perturbe, je dois l’évacuer comme je peux. Mais j’avoue parfois avoir des coups de « déprime »

 C’est ce que j’appelle « LE BLUES DU COACH »

Ma passion je l’a vis pleinement, j’y mais tellement d’énergie que forcément j’ai des hauts et des bas, des moments d’euphorie et des moments de doute. Je ne fais rien à demi-mesure c’est ma façon de fonctionner, je me donne pleinement. Il en a été de même lors de ma vie professionnelle. C’est mon ADN. Ma confiance en moi est le principal socle sur lequel repose ma passion de coach.

Je dois masquer mes doutes, mes peurs de me tromper, je dois être fort pour que le groupe devienne fort. L’athlète doit sentir que j’ai des convictions, que je suis capable de prendre des risques et que je les assume. J’ai compris que dans ce job la nécessité d’une remise en question, rien n’est acquis, tout est en gestation.

C’est ce que j’appelle « LE DEFI DU COACH »

Le coaching sportif se construit sur le terrain et lors des compétitions. Il faut se chercher, oser, tester, résister, ce n’est pas toujours facile, mais ma mission je dois donner le meilleur de moi-même. Chaque coach à sa manière de fonctionner que je respecte, chacun doit trouver sa voie pour aider les athlètes à se surpasser. C’est mon rôle d’aider l’athlète à avoir confiance en lui, je dois l’accompagner vers ses objectifs avec persuasion. C’est là qu’il faut-être psychologue, je dois trouver les mots dans certaines situations lors des compétitions pour que l’athlète se révolte et que le doute ne s’installe pas durant le concours. Je dois le remobiliser, lui redonner la confiance, lui insuffler une rébellion. L’aspect à cet instant est très minime sur la technique, je dois donc agir en priorité  sur le mental. En compétition tout se joue dans la tête de l’athlète, donc cela va être constamment mon cheval de bataille pour l’aider.

C’est ce que j’appelle « LA CONFIANCE DU COACH »

La relation athlète-coach est l’axe central de la performance. Dur labeur dans un groupe avec des athlètes aux  personnalités  toutes  différentes. Le style de coaching est important car il conditionne la relation entre le coach, l’athlète et le groupe. Le style de coaching entraîne des effets majeurs sur le fonctionnement de l’athlète. Je dois jongler entre un style directif « entraîneur » et un coaching participatif « coach ». Et enfin, il y a la gestion de l’échec, comment transmettre les outils pour que l’athlète puisse rebondir. 

Comment aborder l’athlète qui vient d’essuyer un échec majeur dans une compétition très importante. Voir l’athlète au bord des larmes si ce n’est pas déjà le cas, de constater son immense déception me désole profondément, mais et je dois lui parler, c’est mon rôle. Face à l’athlète effondré, j’ai la gorge nouée, je vis très mal ces instants ma sensibilité est à fleur de peau, mais  je dois parler, mais je ne sais pas ce qui va sortir de ma bouche, le son de ma voix sera-t-il audible… ?. L’émotion me noue, vais-je trouver les mots justes, réconfortants si cela est possible… ? Mon message doit venir du cœur, simple, sincère et fort.

C’est ce que j’appelle « LES EMOTIONS DU COACH »

Voilà encore une facette de mon rôle de coach. J’ai été athlète, et j’ai vécu des échecs, le désarroi, le vide mais à cette époque je n’avais personne pour me coacher, alors aujourd’hui je souhaite épargner à l’athlète d’être seul face à l’échec. Je dois l’accompagner dans les bons moments comme dans les mauvais. Je dois l’aider à se reconstruire pour qu’il retrouve les joies du succès.

C’est ce que j’appelle « LE JOB DU COACH »

Voilà une plongée palpitante mais pas toujours de tout repos dans mon job quotidien de coach.

C’est arrivé, ça arrive, ça arrivera encore, je m’en accommode car l’athlétisme c’est ma passion.