Puisqu’on vous dit que les étoiles sont avec lui. En début de semaine, Guillaume nous a avoué avoir imploré les cieux de le placer dans la seconde série du 5000 m, afin d’être avisé du chrono à réaliser pour une éventuelle qualification à la place. Vœu exaucé, malheureusement sans l’avantage escompté, le mode de qualification ayant été modifié à la dernière minute pour ne garder que huit sésames par série, sans lucky losers. Be careful what you wish for… Cette deuxième série s’est révélée piégeuse, truffée de favoris à la médaille, mais a aussi offert une bien meilleure répétition générale pour Guillaume en vue de la finale dominicale.
Sur la piste ardente du Shuangliu Sports Center, le Stadiste réalise en effet l’intégralité de sa course dans un peloton compact et compétitif, alors que la série précédente est décousue et jouée d’emblée. Lancés à la poursuite d’un échappé chinois galvanisé par la foule, les futurs qualifiés accordent rapidement leurs violons. Ils accusent jusqu’à 100 m de retard après deux tiers de course, mais mettent ensuite les bouchées doubles pour réduire l’écart avec l’homme de tête, avant de l’engloutir à deux tours de la ligne et de le digérer aussitôt par l’arrière.
Les 600 derniers mètres sont ainsi une simple formalité pour les leaders, même si un sursaut d’orgueil du fuyard déchu n’est pas totalement à exclure. Au jeu du moindre effort, c’est notre Guillaume national qui se montre le plus économe : un petit tour en tête de groupe pour faire honneur à la tunique helvétique, quelques coups d’œil dans le rétro pour maintenir le chouchou du public à distance respectable, et au final une 8e et dernière place qualificative, en toute gestion. À ce stade, on ne lui demandait rien de plus que de jouer fond de court.
Des records sur 1500 et 5000 m, une première expérience internationale et une finale aux Jeux Universitaires : la saison de Cachelin est d’ores et déjà amplement réussie. Il ne lui reste qu’à déguster le dessert de cette expérience unique, dans un stade qui sera à coup sûr plein à craquer pour la clôture des Championnats et les toujours très appréciées courses de relais. S’il parvient à rester cool, le Lancéen nous promet une chorégraphie de son cru pour l’entrée des athlètes dans le stade. Comment donc garder la tête froide dans une atmosphère toujours aussi suffocante ? Le coach national Gian Marco Meier a bien tenté d’aménager des oasis gonflables, mais il semble que ces bains glacés dans la torpeur de Chengdu ne soient que des emplâtres sur des jambes de bois. Les siennes étaient « en carton », nous a confié Guillaume après sa série. Nul doute que les chevronnés papetiers chinois lui confectionneront des guiboles flambant neuves d’ici demain. En papier carbone, de préférence. Pour décalquer la victorieuse finale de Jonas Raess en 2019, et rebondir comme des pointes nouvelle génération.
Article écrit par Thomas Gmuer