Il fallait bien un périple dans l’Empire du Milieu pour entériner l’arrivée de Guillaume Cachelin au royaume du demi-fond. Celui qui avait jadis pratiqué ses démarrages sur les courts de Romandie et de Navarre, puis plus récemment travaillé son endurance sur les pavés de toute l’Europe, attendait encore une première sélection internationale. Longtemps pressenti sur semi-marathon, c’est finalement sur 5000 m que le Lancéen a pu saisir sa chance. Exit la crinière virevoltante du Letzigrund, c’est presque glabre — pas les jambes ! a-t-il juré — qu’il s’est envolé fin juillet pour les Universiades de Chengdu. Affûté de corps et d’esprit après sa villégiature à St. Moritz, notre millennial n’est pas rentré grisonnant des Grisons. Bien au contraire, l’émulation de Stadistes du 3e millénaire lui a sans doute apporté la fougue nécessaire pour se frotter au gratin estudiantin.
Si ses collègues d’entraînement l’ont encore trop choyé, l’esprit de compétition de Guillaume s’est immanquablement réveillé à l’aéroport. Alors qu’un illustre coureur de 1500m zurichois s’était autrefois révélé au terme d’un affrontement sans merci avec Cachelin, ce dernier s’est en effet retrouvé flanqué pour ce voyage de deux pensionnaires du LC Regensdorf, club ayant historiquement maille à partir avec le nôtre. Fort heureusement pour l’ordre public chinois et la pérennité du pacte fédéral, les deux demi-fondeurs zurichois ne sont pas alignés sur la même distance que notre champion du bout du lac, et c’est donc sur un pied de camaraderie que les trois Helvètes ont pu parader bras dessus, bras dessous dans le rutilant Dong’an Lake Sports Park Stadium. Dans une ambiance électrique, les athlètes suisses auraient, dit-on, remporté haut la main l’épreuve diplomatique consistant à manifester son enthousiasme tout en veillant à ne pas voler la vedette au président Xi venu inaugurer l’événement. Selfies enfiévrés, BeReal fastueux, et même souvenirs gravés dans la rétine (un millennial, je vous le dis !), cette soirée a certainement dû rappeler au prépubère Guillaume de 2008 le défilé de la paire Federer-Wawrinka dans le Bird’s Nest pékinois. Et donc aiguiser son appétit de succès, sur Decoturf ou sur tartan, peu importe.
Depuis, les excursions en rangs serrés alternent avec des prises de température — « une buanderie ! » — aux quatre coins d’un tentaculaire village olympi— pardon, universitaire (A-t-il trouvé une bibliothèque dans ce dédale ? Réponse au prochain épisode). Non content de tenir en haleine tout un canton avec ses performances, Guillaume a évidemment sauté sur les opportunités d’assouvir sa propre boulimie de sport. Lui qui vibre nuit et jour au diapason des corps en mouvement à la poursuite de l’excellence, il a déjà pu goûter aux compétitions de gymnastique artistique et de volley-ball en amont de son entrée en lice. Au cœur de cette ferveur polysportive, il ne lui reste qu’à trouver un brin de fraîcheur pour fignoler sa préparation. Mardi, la qualification pour la finale du steeple de son compatriote et collègue de chambre Loris Pellaz n’a certainement pas freiné ses trépidations. Son heure sonnera vendredi. La trentaine de concurrents sera répartie en deux séries dont les 5 meilleurs rejoindront la finale en compagnie de 5 repêchés. La tâche ne sera pas aisée, mais les astres sont alignés, jugez plutôt : selon le zodiaque chinois, nous sommes en plein dans l’année du lièvre d’eau, Gui-Mao. Il paraît que ça se prononce Guill-Aume en verlan local… Si ce n’est pas un signe, ça !
Article écrit par Thomas Gmür
Pour suivre Guillaume (Séries vendredi 13h38/14h03 heure suisse, Finale dimanche 13h40) :
Startlists et Résultats :
https://results.2021chengdu.com/index.htm
Live Stream :