Le Face à Face

ALENA RIVA
BAPTISTE FIEUX

Quel âge as-tu ?

Alena : J’ai 28ans.  
Baptiste : 30 ans depuis peu.                           

Quel est ton métier ?

Alena : Je suis coordinatrice vente pour une marque de cosmétique de luxe.
Baptiste : Je travaille à l’Ecole Internationale de Genève dans le département des Sports et d’éducation physique mais je suis entraîneur d’athlétisme au Stade Genève avant tout.

Pourquoi l’athlétisme ?

Alena : En 2000, je participais à ma première course de l’Escalade et arrivant 11 ème, j’ai eu envie de courir encore plus vite.
Baptiste : J’ai commencé l’athlétisme avec mon frère à l’arrêt de mon équipe de football parce qu’on était plus assez pour jouer dans le petit village de mes parents. Et puis j’ai tout de suite accroché sur la course à pied avec les nouveaux amis du club. L’athlétisme et la course à pied sont devenues une affaire familiale. Tout le monde court du 800m sur piste au 24h en hors stade en passant par le steeple et le semi-marathon.

Depuis quand es-tu au Stade Genève ?

Alena : Je suis au Stade Genève depuis la rentrée 2001
Baptiste : Depuis Septembre 2017 et mon arrivée à Genève.

Quelles disciplines ?

Alena : Aujourd’hui je cours principalement le 400m, même s’il m’arrive de tester ma vitesse sur le 200m et de m’amuser sur le 400 haies. 
Baptiste : Je fais du cross-country l’hiver et du demi-fond (800-1500) sur piste l’été.

Quel était ton objectif quand tu as commencé l’athlétisme ? Et maintenant ? 

Alena : Quand j’ai commencé l’athlétisme, le but était surtout d’avoir une activité parascolaire et de courir plus vite à l’Escalade. Aujourd’hui, mon objectif est d’aller chercher à chaque course un nouveau chrono. 
Baptiste : Le but quand j’étais petit c’était de participer à des championnats de France mais ça n’a pas super bien fonctionné puisque j’ai participé à un seul France de Cross et j’ai raté les France U23 pour quelques centièmes sur 800. Aujourd’hui, j’essaie de battre un peu mes records avec en priorité, le 1500m. Dans tous les cas, je prends toujours du plaisir à courir.

Ton meilleur souvenir dans ce sport ?

Alena : En plus de 20ans, il est difficile de choisir qu’un seul souvenir entre ma troisième place à l’Escalade, la médaille de bronze aux Championnats suisses de relais, ma 6ème place aux CS indoor ou la première fois en 55, ce qui me semblait encore impossible il y a peu. 
Baptiste : L’enchaînement des meetings pour chasser les minimas pour aller aux Frances U23 sur piste. Ça a duré 3 mois environ, j’avais un formidable entraîneur et tout fonctionnait bien, c’était super.

Ton pire souvenir ?

Alena : Il y a bien évidemment eu des entraînements terribles, des douleurs physiques et mentales mais qu’on oublie assez vite quand les records suivent. Je dirais plutôt que j’ai eu des frustrations. La fois où j’étais la première à ne pas être qualifiée à la finale suisse junior et qu’une des filles a volontairement fait un faux départ parce qu’elle ne voulait pas courir, alors qu’elle aurait pu se désister la veille et me laisser ma chance. Ensuite il y a eu la course où les starters se sont trompés de ligne de départ et nous ont fait courir plus. Et finalement, le 400m où un plot de départ a été oublié dans mon couloir juste avant l’arrivée.
Baptiste : Le résultat de cet enchaînement de meeting. Constater que la qualification s’envole pour quelques centièmes, c’était assez difficile.

Ta plus belle rencontre ?

Alena : Une bonne partie des coachs et athlètes qui m’ont entouré au fil des années et tous ceux qui m’ont lièvré jusqu’ici.
Baptiste : Mon premier entraîneur. Gérard Prêly. Il m’a transmis la passion de l’athlé, il m’a donné levgoût de l’effort et l’envie d’entraîner aussi. Il avait réussi à créer un super collectif dans notre club du Lons Athlétique Club. Il savait fédérer autour de compétitions, avait un esprit club très fort, il était toujours là pour nous et aujourd’hui j’essaye en quelque sorte de suivre aussi cet héritage. C’est une très belle période de ma vie d’athlète.

Ta meilleure saison ?

Alena : Sans hésitation 2023
Baptiste : Année 2014 pour la piste avec un chrono assez significatif pour mon niveau sur 800m (1’53’’85) et Année 2010 pour le cross (Avec cette participation aux France de Cross U20)

Combien de fois par semaine t’entraînes ?

Alena : Je m’entraîne 4 à 5 fois par semaine 
Baptiste : J’essaye de m’entrainer 5 ou 6 fois par semaine selon les imprévus.

Quel type d’entraînement préfères-tu ?

Alena : Ceux où les chronos sont incroyables 😉
Baptiste : J’aime beaucoup les séances spécifiques de l’été. Les séances avec peu de distances, beaucoup de récupération et le maximum de vitesse possible.

Comment concilies-tu carrière sportive et carrière professionnelle ?

Alena : Ce n’est pas tous les jours facile et les week-ends sont souvent trop courts entre les compétitions et tout ce que j’ai repoussé durant la semaine, mais j’ai heureusement un horaire de travail qui me permet de suivre tous les entraînements avec mon groupe. 
Baptiste : J’ai un emploi du temps qui a beaucoup de trou le matin donc je peux courir le matin, travailler l’après midi et enfin entraîner le soir.

Quels sont tes qualités ?

Alena : Je suis persévérante et je sais être à l’écoute de mon corps
Baptiste : Je pense pouvoir m’adapter très rapidement et très facilement. Je suis aussi très patient et c’est plutôt pratique avec les athlètes parfois.

Et tes défauts ?

Alena : Je suis très flemmarde et j’aime me plaindre de l’entraînement
Baptiste :
Je réfléchis et je doute parfois beaucoup. Ça peut être assez pénible dans des moments où l’on n’en a pas besoin.

Depuis quand Baptiste est ton coach ?

Alena : Baptiste a repris le groupe 400 en 2019

Qu’est ce qui t’a décidé à devenir coach de 400m alors que tu fais et coache de l’endurance ?

Baptiste : Marco était l’entraîneur historique de ce groupe de 400m avec des athlètes au profil un peu plus endurant que les autres. Mais il avait déjà beaucoup d’athlètes à gérer et ce groupe avait probablement besoin de plus de présence. J’avais fait un peu de 400m/400m haies étant athlète et j’aime beaucoup les nouveaux challenges dans l’entrainement donc j’ai saisi l’opportunité.

Depuis quand Alena est ton athlète ?

Baptiste : J’entraîne donc le groupe 400m depuis 2019 mais Alena travaillait à Crans Montana donc elle n’était pas souvent présente à l’entraînement. J’étais avec Aurélien et Aude. Dès son retour de Crans, elle a été à nouveau dans le groupe en présentiel et presque jamais en retard…

Donne 2 qualités de Baptiste ?

Alena : Il appris à me connaître et prend le temps de m’écouter pour adapter les séances à mon quotidien. Il a en plus cette touche d’humour qui sait détendre dans les moments difficiles  

Donne 2 qualités de Alena ?

Baptiste : Elle est déterminée. Si elle a décidé quelque chose, elle fera le maximum pour atteindre ce but. En compétition, si je lui donne une consigne un peu agressive, elle passe en mode chasse et généralement c’est en plein dans le mille.

Et Surprenante: C’est toujours au moment où l’on s’y attend le moins qu’elle sort quelque chose d’incroyable comme sa participation aux Championnats Suisses élites en 2020 je crois où elle commence à s’entraîner 15 jours avant et réalise quand même 57’’ sur le 400m.

Donne 2 défauts de Baptiste ?

Alena : Il est plus stressé que moi lors de mes compétitions et aime un peu trop nous ajouter des surprises à la fin de l’entraînement 

Donne 2 défauts de Alena ?

Baptiste : De temps en temps elle doute trop d’elle, et c’est à chaque fois dans des moments où tous les feux sont au vert. Elle est en forme, elle est forte, elle est prête physiquement et mentalement. Et d’un coup elle va dire: “Euh peut être que je dois être plus lente au début sinon je vais craquer”.

Et Il faut avouer qu’elle est fainéante. Cette année, les 15 jours avant le meeting de Zofingen (Fin Mai), elle a pris quelques jours de vacances, promet de s’entraîner mais au final, elle ne fait que 2 fartleks, 1 mini séance piste pré compétition et 2 séances de musculation (les soirs de fartlek) en 15 jours. J’espère un mauvais temps au meeting pour qu’elle comprenne que si elle est plus régulière à l’entraînement, elle sera plus forte. Résultat: Record personnel, 55’95 sur 400m. Et ça, c’est Alena.

Heureusement que le groupe s’est renforcé avec d’autres filles qui la poussent dans ses derniers retranchements aux entraînements. Elle peut remercier Nadja, Aude, Lou, Eilidh. Et puis nos garçons l’aident beaucoup aussi donc merci à Aurélien, Haben, Mateï et Hannibal. On a un super groupe.

Que penses-tu de cette athlète ?

Baptiste : J’aime beaucoup ce profil d’athlète parce que c’est une réelle passionnée d’athlétisme mais on peut discuter de plein d’autres choses.
Elle comprend le travail que l’on fait et la méthode que l’on utilise.
On rigole énormément.

Dans les moments importants pour elle, elle est capable de trouver un supplément d’âme pour sortir quelque chose de superbe.
Elle est aussi attentive sur les autres membres du groupe. Elle reste concentrée mais elle peut prendre du temps pour soutenir et aider quelqu’un du groupe qui stresse un peu trop avant une compétition où qui doute un peu trop d’elle.

Je souhaite à tous les entraîneurs d’avoir une athlète comme ça dans leur groupe.

Quel est son objectif pour cette année ?

Baptiste : En début de saison, on a beaucoup discuté. On visait moins de 56’’’ au 400. Elle a réussi très rapidement. Donc on a discuté à nouveau et on s’est dit qu’on aimerait qu’elle fasse une performance à 1000 points sur la table hongroise. Cela représente 55’’36. On a même un pari en cours, si elle réussit, Aurélien devra se couper les cheveux après plusieurs années sans coiffeur. On parle aussi de finale aux Suisses Élites à Bellinzone mais on sait que cela va être difficile. Mais j’ai une très grande confiance en elle.

Quel est ton record ? et de quand date-il ?

Alena : Mon record au 400 est 55.95 et il date du 27 mai 2023

Quel est ton objectif pour cette année ?

Alena : Courir en 55 bas

Et pour l’avenir ?

Alena : Progresser toujours plus
Baptiste : Maintenant qu’elle travaille avec Bertrand (Merci Bertrand !) le Jeudi soir pour les starting blocks et qu’elle sait (enfin) partir, cela nous donne d’autres armes pour progresser. En cas de réussite, la suite logique serait de descendre en 54’’, puis 53’’. Mais après on parle de chronomètres qui sont très très difficiles à atteindre. Je dis souvent au groupe: Cours à fond, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Comme ça tu n’auras pas de regret. Donc on verra jusqu’où elle peut aller.

Aurais-tu quelque chose à ajouter ?

Alena : Ne jamais oublier que le Stade a beau faire partie des plus grandes clubs de Suisse, nous restons une famille. 

Interview réalisé par Jessica Barbey