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Semi de Copenhague

Au terme d’un été riche en émotions, j’ai décidé de suivre encore une fois ma bonne étoile, celle polaire, et de m’envoler vers la terre des vikings (en easydrakar).
Au menu de cette escapade, pas de hareng ni de saumon fumé, mais un semi-marathon dans les rues de Copenhague 🇩🇰, soit 21 km. Une distance que j’affectionne car elle induit une résistance physique et psychologique importante. Et sur ce dernier point, je sais que je suis capable d’apprivoiser la douleur mieux que beaucoup de coureurs.
La seule dénivelé du parcours est à mettre au crédit des quelques dos d’ânes et le plateau, d’un niveau jamais égalé, annonce une course délicieuse. Par ailleurs, sont présents avec moi mes amis Tadesse et Julien, probablement les deux meilleurs coureurs de fond suisses de l’histoire. Ensemble, nous lutterons pour remporter le challenge des pays européens, ce qui insuffle une motivation supplémentaire.
Le jour J, la pluie est au rendez-vous, mais ce ne sont que des averses éparses qui ont un goût de sel. Je reste confiant, malgré les quelques maux de ventre la veille qui m’ont empêché de m’alimenter correctement. Probablement un stress exacerbé associé à une nourriture de l’hôtel paradoxalement très exotique.
Les 10 premiers kms se déroulent à merveille, je suis concentré et le plus important : relâché; ce qui a 21 km/h n’est pas une mince affaire. Mais ensuite les choses se compliquent… Je sens mes réserves d’énergie diminuer de manière drastique et je comprends que je suis en hypoglycémie. Il me reste alors 6 km à parcourir et la douleur devient de plus en grande, même insupportable.
Ma saison a été si belle, je ne veux pas finir sur une mauvaise note. Je m’efforce de penser à ma famille et à ceux qui me soutiennent tout au long de l’année. Je me dis aussi que cette souffrance n’est qu’éphèmère et que l’abandon est définitif…
Je parviens à rallier l’arrivée tant bien que mal, le visage grimaçant, la bave aux lèvres et m’effondre aussitôt dans les bras des équipes médicales.
Le chronomètre indique 62:06, à une poignée de secondes de mon record personnel; et laisse penser que dans un meilleur jour une grande performance était envisageable.
Je me réjouis de voir que Tadesse, malgré son âge, réussit une course d’anthologie. Grâce au courage de Julien qui malgré un mauvais rhume n’a pas abandonné, nous remportons le fameux challenge et une belle prime.
La douleur se transforme en joie et les larmes en sourires. Nous partons avec Julien et plusieurs kenyans de son groupe festoyer, tandis que Tadesse doit prendre son vol retour.
Je peux enfin souffler un peu et prendre quelques vacances dans cette ville qui a attisé ma curiosité tout au long du séjour : quelle splendeur d’architecture et de couleurs ! Je peux aussi regarder derrière moi et savourer tout ce qui a été accompli ces derniers mois. Quelle chance j’ai de faire ce que j’aime le plus, quel bonheur de mener cette vie !
Article écrit par Morgan Le Guen