Mardi 2 mars 2021, il est 9h15 à ma montre, mouvement automatique Suisse qui m’accompagne tout au long de ma journée, de mes semaines, mois, année. Je ne dois pas être en retard, rappel pour un retraité. Aujourd’hui j’y crois.
Première saveur des arômes délicats et généreux d’un Arabica de Colombie qui m’offre toute son élégance et son harmonie pour débuter ma journée. Seul, face à ma tasse de café, ma solitude à deux avantages ; d’abord d’être avec moi-même, ensuite de n’être pas avec les autres.
Face à moi, il est là, imperturbable allongé sur la table brillant de tous ses éclats, rutilant de son métal poli et de son bois imprégné d’huile de lin. Il me regarde, d’un regard étincelant, provocateur, me narguant, vais-je céder à la tentation, m’absoudre de mon optimiste. Visage fermé, mâchoires serrées, regard fuyant je rumine et je me demandais comment il avait l’audace d’être toujours là
Dans ma tête je dois rassembler mes idées, et de faire le point. Un attelage infernal de rafale balayait chaque recoin de ma tête. Eteindre l’incendie en moi avant qu’il ne se propage. Toujours ce déluge dans mon cerveau, vais-je résister, lui faire face et ne pas tomber dans la tentation. Reprendre mes esprits, m’asperger d’eau pour me remettre les idées en places. Mon estomac est noué comme une corde d’amarrage. Il est complétement essoré prêt à se retourner. Je suis comme une noix de beurre dans une poêle. Et lui, Il n’a pas bougé de place, toujours devant moi brillant de tous son éclat. L’air empeste, l’odeur âcre et ronce de la peur me font tressaillir. L’heure fatidique approche, puis-je faire marche arrière… ?
Faut-il m’encombrer de scrupules et assumer, s’infliger cette épreuve, me révolter, vais-je pouvoir résister ? Dans mon esprit la brume commençait à se dissiper. Une incroyable évidence, une cohérence me taraudait. Sera-t-il le plus fort… ?
10h00, le téléphone de l’espoir ou du désespoir, le moment fatidique se rapproche, et lui est toujours là devant moi serein, omniprésent dans toute sa candeur, l’huile de lin de plus en plus brillante et le profilage affuté, extrême de perversité. J’étais hors d’haleine, prêt pour le premier assaut. Bien calé dans ma chaise toutes oreilles colées à ce téléphone, je réfléchissais à ma parade pour contenir l’assaut.
L’assaut de l’information tant attendue tomba de tout son long dans mon cerveau. Verdict implacable, il a gagné…….. !
L’ASSAUT DU COUPERET SECTIONNE D’UN COUP TRANCHANT LE CORDON OMBILICAL DU STAGE DE PÂQUES 2021
Texte écrit par Fredy Auberson le 28 mars 2021