Dans l’Oeil du coach : journal d’un confiné

 

Frédy Auberson :

Après une saison d’hiver bien remplie en déplacement, week-ends avec des satisfactions et également des déceptions. C’est le lot du coach auquel je suis habitué et qui savoure pleinement sa passion. Remise permanente en question pour un équilibre de sérénité, de volonté pour accéder aux améliorations possibles. C’est une quête sans cesse pour contribuer à  la progression des athlètes.

Mais j’ai besoin également d’engranger mon plein de vitamine. Et l’hiver n’est pas propice à la fameuse vitamine D. La vitamine booste mon système immunitaire. Donc je suis moins vulnérable aux infections, aux microbes et aussi aux phénomènes d’inflammations. Il me faut du soleil en dehors de celui de l’athlétisme qui est ma colonne vertébrale. Donc, direction le 5 mars avec ma femme vers l’île des Grandes Canaries. Huit jours de chaleur, de repos, de baignade, mer et piscine. Point de chute sur cette île à Arguineguin dans un havre de paix, tranquillité et soleil omniprésent. Balade le matin après un savoureux petit déjeuner, baignade, fitness en fin de journée occupent nos journées. 

Le lien avec le reste du monde.. ? La télévision, avec la seule chaîne en français «  France 24 » .

L’évolution du Coronavirus nous sort de notre cocon journalier et déjà se trame dans ma tête des questions sans réponses pour la suite. Ma conquête à la vitamine D volait en éclat. La suite.. ! C’est déjà le retour le 12 mars. Dans l’avion du retour une jeune femme assise à côté de moi est sujette à des quintes de toux au point que des passagers se retournent en l’observant. Mon assurance n’est pas au beau fixe, je me décale de plus en plus du côté de ma femme, ce  qui n’est pas pour me déplaire, mais dicté en priorité par un réflexe de tenir une distance. Je n’ai pas de masque. Enfin le sommeil va assoupir cette jeune femme et je m’en réjouis. Ce voyage du retour vers des approximations, des incertitudes accaparent mes pensées. Fini la farniente, l’insouciance, bonjour la réalité mais je n’ai pas envie de tomber dans ses bras. Dans mon cerveau, je refuse ce que j’entrevois avec un certain flou, un voile opaque occulte la vision de  ce qui va arriver mais, je pressens des changements imminents  venir. 

Le 13 mars ma vision est confirmée. Les consignes de la Ville de Genève me confirment que je ne suis plus en vacances. Sans anesthésiant on sectionne mes liens avec le stade de Champel. Stade fermé à la pratique du sport… ! Ce que je pressentais se concrétise. On me retirai ma perfusion sportive, rien n’est prévu pour la remplacer.. ! Samedi 14 sera ma dernière traversée de la frontière pour venir à Genève. Retour en Haute Savoie pour le confinement prescrit par le gouvernement français.

Je hais ce virus

Je hais cette atteinte à ma liberté

Je hais ce coronavirus

Je hais cette atteinte à ma disponibilité

Je hais ce virus

Je hais cette atteinte à ma serviabilité

Je hais ce coronavirus

Je hais sa façon d’annuler le stage de Pâques programmé

Je hais ce virus

Je hais sa façon d’occulter ma passion et d’être amputé

Je le hais

Mais je le combattrais

Depuis, je suis condamné à envoyer par mail des planifications d’entraînements à celles et ceux qui le souhaite. Plus de suivi, mes yeux n’enregistrent plus les points à corriger, plus d’explications à transmettre. Mon cordon ombilical coupé de mon groupe. Je dois occuper mon esprit à autre chose.

Virus vas-tu m’aider à récupérer l’argent du stage… ? Et celui du car ? Toi qui as tout détruit-tu me dois bien cela. Montre-toi sous un jour meilleur et concrétise ma demande.

J’ai troqué mes survêtements pour un bleu de travail afin d’occuper mes journées. Plaisir de la tonte du gazon, peinture des volets, préparer le jardin, retourner la terre, fendre du bois pour le chauffage, construire un nouveau poulailler pour des poules qui ne veulent pas pondre etc…etc.. !  Séance de maintien 3 fois par semaine dans ma salle de musculation pour un septuagénaire qui défie ce virus puisque je fais partie des gens potentiellement à risque. Voilà mon pain quotidien. Je lui ai lancé un défi, que j’espère bien concrétiser  dés mi-mai que je foulerai à nouveau la piste du stade de Champel.

Et à nouveau vous allez retrouver la rubrique dans le site du Stade Genève Athlétisme  «  Dans l’œil du coach » C’est mon plus grand vœux actuellement, cela ne sera pas une symphonie inachevée, mais sera les trompettes de Champel.

Prenez bien soins de vous, et à bientôt.